Je me baladais le coeur rempli de reconnaissance.
Distraitement, je regardais par terre mon ombre gigantesque un peu inclinée vers la droite. Tout à coup, une petite ombre s’est glissée entre mes jambes comme une petite fille au pied de la grande. Elle était plutôt penchée vers la gauche. Je me suis sentie émue aux larmes. Mes pieds brusquement ont cessé d’avancer. Je suis restée là figée, à regarder ces deux ombres, ces deux parties de moi, une grande et une petite. Personne n’était derrière moi. La peur s’est envolée aussi vite qu’elle était survenue et une drôle d’émotion a pris place dans mon plexus et dans ma gorge.
Je continuais de regarder ces deux ombres sans pouvoir avancer, je voulais comprendre leurs messages. Alors, pour le plaisir de la spectatrice que j’étais, j’ai balancé mes bras afin de trouver cette position magique où la petite mettrait sa main dans celle de la grande. Je voulais voir cette union et j’y suis arrivée. Et là, mon coeur a éclaté. Je suis restée quelques secondes dans cette position comme une petite fille dansant devant son miroir.
Puis, j’ai placé mes mains sur mon coeur et j’ai repris ma marche songeuse à regarder, les autres images que les lumières de rue voulaient bien me faire voir ce soir. J’ai continué d’avancer tout doucement dans la ruelle. La petite grandissait et grandissait et la grande diminuait peu à peu. Mon coeur se gonflait d’amour pour ces parties de moi marchant à l’unisson. Se rejoindraient-elles un jour? Un petit regard par-dessus mon épaule gauche m’arracha même un sourire, car il y avait aussi une petite ombre derrière moi qui variait en longueur, mais je savais que plus jamais elle ne me ferait peur. Cette époque-là était du passé désormais. Puis, les deux se sont éteintes devant mes yeux…
Le même jeu a recommencé un peu plus loin, cette fois-ci il y en avait qu’une et elle se trouvait au milieu des deux ombres précédentes. Facile d’imaginer qu’elles s’étaient unifiées à tout jamais. Quel drôle de moment, un instant de quelques secondes, une perception d’un jeu de lampadaires sur l’asphalte et toute ma vie qui se déroule là sous mes yeux… J’aurais pu ne rien voir, j’aurais pu ne jamais découvrir ce message caché sous mes pas.
Le jeu de l’Ombre ce soir m’a remplie de gratitude. Gratitude pour toutes ces ressources qui existent en nous lorsque nous en avons besoin, lorsque nous osons risquer quelque chose de nouveau et sortir de notre zone de confort et surtout, lorsque nous osons agir malgré nos peurs.
Merci Brunante pour ce clin d’oeil de la vie.
Jeannine