Le décrochage scolaire

Le décrochage scolaire

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Travail de recherche

Jeannine Paradis

Licence de paternité

Université du Québec à Trois-Rivières Pavillon Joliette

Certificat en enfance inadaptée

EFI 1065 – Problème social et/ou difficulté d’adaptation

Hiver 2002

Correctrice :  Mme Marielle Clément Février 2007

Table des matières

Introduction
Statistiques
Au plan économique
Histoire
Politiques sociales
Les responsables du décrochage scolaire
La perception des gens et du gouvernement
Une critique
Des solutions
Conclusion
Biographie

Introduction

Différents problèmes sociaux affectent notre société québécoise, et j’y suis de plus en plus sensibilisée. Je m’interroge sur les causes et les difficultés que peuvent vivre les personnes concernées par un de ces problèmes et comment le résoudre. Œuvrant dans l’enseignement depuis presque vingt ans, j’ai décidé de faire mon travail de recherche sur le problème du décrochage scolaire. J’en constate de plus en plu les effets négatifs s et j’aimerais bien découvrir ce que nous pouvons faire pour y remédier.

Je vous présenterai en premier lieu quelques statistiques et projections sur le décrochage scolaire, ce qu’il en coûte à l’état et la situation ailleurs qu’au Québec. Par la suite, je vous relaterai les faits historiques liés au décrochage ainsi que les luttes et politiques sociales qui ont été mises de l’avant avant d’aborder les grands responsables ou les différentes causes qui provoquent l’abandon scolaire chez les jeunes. Dans les deux sections suivantes, je vous présenterai l’opinion de différentes personnes sur ce problème ainsi que la critique d’organismes reconnus sur ce qui s’est fait dans le passé, pour contrer ce phénomène de décrochage, jusqu’à maintenant. Finalement, je vous entretiendrai des solutions que différents organismes et individus proposent, en l’an 2000, de mettre en application afin de diminuer le taux de décrochage chez nos jeunes. En guise de conclusion, je formulerai les nombreux apprentissages que ce travail m’a permis de faire et émettrai mon opinion personnelle sur le sujet.

J’espère ainsi être en mesure de répondre à toutes ces questions que je me pose depuis que j’ai décidé de faire une recherche sur ce vaste sujet du décrochage scolaire. Combien sont-ils? Qui sont-ils? Pourquoi décrochent-ils? Qui sont les responsables? Qu’avons-nous fait pour les aider en tant que société et en tant que milieu éducatif? Quels sont les impacts du décrochage scolaire sur la société de demain? Que deviendront nos jeunes décrocheurs dans l’avenir? Toutes des questions auxquelles j’aimerais bien trouver des réponses satisfaisantes à travers ma recherche.

Statistiques

Le ministère de l’éducation nous donne des chiffres : en 75-76, il y avait 47,9 % d’élèves décrocheurs au Québec, Un garçon sur trois et une fille sur quatre ne termineront pas leur secondaire, reflétaient les statistiques officielles du MEQ en 1999. Le taux de décrochage chez les garçons est passé de 42 % et se situe entre 31% – 38 % en 99. Celui des filles est passé de 28 à 23 %. Ce sont des jeunes de 15 à 19 ans qui sortent du secondaire sans diplôme en incluant ceux inscrits au secteur des adultes. «L’abandon scolaire est le fait qu’un adolescent quitte l’école et abandonne les études avant d’avoir obtenu un diplôme d’études secondaires. Ce phénomène, plus limité autrefois, est devenu un phénomène de masse qui concerne entre 35 et même 40 % de la clientèle scolaire, donc des milliers de jeunes chaque année. De ce groupe, 20 % décrochent au premier cycle du secondaire alors que 80 % le font en deuxième cycle du secondaire.»[1], nous dit Charles E. Caouette, professeur au département de psychologie de l’Université de Montréal. Daniel Kemp, pour sa part, annonce que « près d’un jeune sur deux lâchera l’école dans les années 90 si rien de tangible et de vraiment efficace n’est fait pour enrayer ce fléau. Le pire : déjà un professeur sur deux en a ras le bol d’enseigner et est épuisé ou brûlé.»[2]

Le 4 janvier 2002, Marc Thibodeau, dans La Presse, nous donne des chiffres beaucoup plus alarmants sur l’Île de Montréal, et je le cite: « De récentes données du ministère de l’Éducation obtenues hier par La Presse indiquent que le nombre de jeunes qui quittent l’école sans avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires atteint même près de 75 % dans certains établissements de la commission scolaire.»[3] Il ajoute que certaines écoles atteignent un taux de 59,3 à 73,9 % de décrochage; elles sont situées généralement dans des milieux défavorisés. Il fait mention également de deux seules écoles dont le taux est inférieur à 10 %. C’est un problème alarmant dans notre monde scolaire et dans notre société québécoise.

Au plan économique

«Il faut souligner de plus qu’un abandon représente un coût social non négligeable: en 1981, le gouvernement versait 3 600 $ par année pour chaque élève inscrit dans une commission scolaire. S’il y a abandon en cours d’année, ce montant devient de ce fait un investissement social qui a cessé d’être productif.»[4] D’autant plus que ce jeune sans diplôme passe la majorité de sa vie d’adulte sur les bras de l’État, soit sur la Sécurité du revenu, soit sur un de ces programmes plus ou moins obligatoires mis en place pour aider cette clientèle. Un décrocheur, ça coûte très cher dans notre société!

Monsieur Pierre Beaulne, économiste à la CEQ, a fait parvenir un avis au ministre des finances en 1999 et voici ce que ces calculs financiers ont révélé: «Le fait d’amener une personne jusqu’à l’obtention d’un diplôme secondaire représente, pour l’État, l’équivalent d’un placement qui procurait un rendement réel (net d’inflation) de 5,3 % en 95-96. […] Pour parvenir à ces résultats, tous les coûts publics d’éducation, y compris le manque à gagner fiscal pour le gouvernement pendant que les personnes poursuivent des études, ont été comparés aux flux actualisés de revenus fiscaux additionnels découlant d’une plus forte scolarisation. La contribution totale de l’État pour amener une personne à compléter le secondaire, quand ses études sont d’un niveau inférieur, s’élevait à 18 101 $ en 95-96. En revanche, pour le gouvernement, les revenus fiscaux s’accroîtront de 100 831 $ dans le cas d’un homme et de 59 925 $ pour une femme.»[5]

Pour Claude Rivard, qui a investi plus de dix ans de lutte pour contrer le décrochage scolaire, les deux principales préoccupations des jeunes, particulièrement des décrocheurs, se résument par les deux questions suivantes :

«· Est-ce que je dois terminer mes études secondaires ou lâcher l’école?

·  Quelle place m’est réservée sur le marché du travail, sans diplôme?»[6]

Le problème peut aussi être analysé au plan économique et démographique. Le Québec est une société qui vit un renversement pyramidal de la population, m’expliquait un géomorphologue. Ce qui veut dire que la population âgée va devenir beaucoup plus nombreuse que la population jeune. Le Québec détient le record mondial en ce qui concerne les moyens d’éviter de mettre des enfants au monde. Notre population ne se régénère plus. Le taux de natalité est au plus bas. Le Rapport 2000 – 2001 du Vérificateur général du Québec souligne ce risque: «Il ne faut pas négliger les répercussions intergénérationnelles sur une population dont le ratio de dépendance démographique sera grandement modifié. Deux courants de pensée s’affrontent. D’une part, il y a les défenseurs de l’approche de l’équité intergénérationnelle, qui endossent le principe selon lequel chaque génération doit pourvoir à ses propres besoins. […]  D’autre part, il y a les tenants de l’approche de l’interdépendance générationnelle, qui appuient le transfert de ressources entre les générations et qui voient la solidarité intergénérationnelle comme la base de notre système social. Indépendamment de ces idéologies, la remise en question des acquis risque d’ébranler la confiance de la population, plus particulièrement des jeunes, dans les valeurs collectives qui caractérisent notre société.»[7] Aujourd’hui, il faut les retenues à la source de cinq personnes dans la population active pour subvenir aux besoins d’une personne âgée; dans trente-cinq ans, le ratio sera de deux personnes pour une personne âgée, si rien n’est mis en place. Aussi, les gens vivent de plus en plus longtemps et, après soixante-cinq ans, ils coûtent de plus en plus cher en frais médicaux. C’est notre réalité au Québec. Quelle sera la contribution de nos jeunes décrocheurs pour nos personnes âgées dans quelques années?  Comment subviendront-ils aux besoins des rares enfants qu’ils mettront au monde, par choix ou par hasard?

Le problème existe. Il est de plus en plus inquiétant. «Si nous n’avons pas encore tout à fait perdu le sens de l’évidence, indice « percutant » de santé mentale, nous savons déjà que l’abandon scolaire est devenu un problème très sérieux. Ce problème nous confronte avec une ampleur et une brutalité sans précédent.»[8]

Il n’est pas limité seulement au Québec. En France, un projet institutionnel a été mis de l’avant en 1997 afin d’évaluer ce phénomène dans la perspective d’un diagnostic social, en collaboration avec l’Éducation nationale. Leur questionnement portait sur trois domaines à explorer:

  • la déscolarisation et le travail éducatif avec les jeunes de moins de 16 ans
  • la situation des jeunes de 16 à 18 ans sans affectation scolaire
  • le travail avec l’Éducation nationale, en particulier les collèges, et la mission générale d’insertion.[9]

Tous ceux qui sont sensibilisés au problème et qui veulent s’y attaquer rejoignent un de ces trois thèmes d’analyse. Que faisons-nous en tant que société au Québec pour interdire le travail aux jeunes de moins de seize ans?

Que faisons-nous des jeunes de 16 à 18 ans qui ne vont pas à l’école et qui l’ont quittée sans diplôme professionnel?

Quels moyens mettons-nous de l’avant pour  rendre l’éducation obligatoire plus attrayante pour ces jeunes?

Comment abordons-nous le problème?

Qui est responsable?

Qui peut faire une différence?

Histoire

Regardons un peu l’histoire. Pendant des siècles, l’école n’a été accessible qu’à l’élite. Au temps de mes parents (1930 – 1950), un jeune cessait d’aller à l’école en 6e ou 7e année pour travailler sur la ferme, et c’était très valorisant. Les jeunes ne restaient pas passifs devant la télévision, les jeux Nintendo et l’Internet n’existait pas encore, et la télévision n’était même pas dans tous les foyers. Notre société était composée d’une majorité d’agriculteurs et d’artisans. Le jeune homme savait à l’avance ce qu’il désirait faire plus tard, il apprendrait le métier de son père ou celui de son oncle, la route professionnelle était toute tracée. Les besoins étaient simples. Les garçons lâchaient l’école pour subvenir aux besoins de la famille, et les femmes, pour se marier. Seuls continuaient les prêtres et ceux qui se dévouaient aux autres : les médecins, les infirmières et les enseignantes. On ne les appelait pas décrocheurs, en ce temps-là!

Après la révolution tranquille, l’obligation de fréquenter l’école jusqu’à seize ans fut instaurée. Les écoles offraient tous les cours dont un jeune avait besoin : cours réguliers menant au cégep, classes spéciales pour les groupes particuliers ayant des difficultés, et cours professionnels courts ou longs pour apprendre un métier. Un diplôme professionnel de secondaire court ou long était très bien vu. Le jeune qui avait plus de facilité au plan manuel pouvait s’y diriger, réussir et sortir de l’école à un âge très jeune avec un diplôme. Si tu avais de la facilité au niveau intellectuel, tu poursuivais tes études au cégep et ensuite à l’université. Les coûts devenaient abordables pour tout le monde. Le gouvernement avait l’impression de faire du bon boulot. L’éducation devenait une valeur sûre et de plus en plus importante au Québec.

En 1980, dans mes premières années d’enseignement en Abitibi, il était courant qu’un jeune manque les mois d’automne pour accompagner son père trappeur à la chasse. Les familles qui vivaient de cueillette de fruits en Ontario, n’arrivaient en classe qu’à l’automne. Ces jeunes, pour la plupart, ne terminaient pas leur secondaire. Ils préféraient la nature, la chasse et la pêche comme moyens de subsistance, et leur milieu de vie les y aidait!  La problématique des régions éloignées était toujours un peu en décalage de la grande métropole.

L’industrialisation toucha tout le monde. Les professions devinrent de plus en plus libérales. Un parent ne pouvait plus former lui-même son enfant et, si jamais il était propriétaire d’un commerce, le jeune voulait souvent faire quelque chose de différent; il y avait beaucoup de choix et tellement de possibilités d’emploi!  Ce fut l’avènement des écoles polyvalentes, il fallait développer le plus de compétences possible chez les jeunes, le monde changeait tellement vite. Les métiers professionnels étaient de moins en moins reconnus, les techniciens devinrent la voie de l’avenir et les diplômes, de plus en plus importants. Il fallait garder les jeunes en classe jusqu’à seize ans, même ceux qui ne démontraient aucune motivation. Naquit alors une nouvelle clientèle: les «drop out».

Avec une loi, bien sûr, il y a des contrevenants. Avant, ce n’était pas punitif de faire un autre choix, de décider de ne pas suivre la masse, mais maintenant la personne devient «hors norme», elle est considérée comme un parasite de la société. Pour maintenir son «Éducation pour tous», le ministère de l’Éducation a mis de l’avant les cours aux adultes afin de récupérer cette clientèle et aussi pour donner un minimum d’éducation à toute la population. Que faire avec les jeunes qui ne cadrent pas avec le système scolaire actuel?   Que faire avec les jeunes qui ont des habiletés différentes?  La société change, ils doivent changer et s’adapter. C’est un peu le message qu’ils recevaient à l’époque, et cela se ressemble encore aujourd’hui.

Politiques sociales

Le problème du décrochage scolaire est un problème sérieux, et plusieurs intervenants se sont impliqués pour tenter de le résoudre, pour le diminuer et idéalement pour l’arrêter complètement. Voyons, en premier lieu, les lois et politiques qui régissent ce problème social.

1943 : première loi québécoise sur la fréquentation scolaire obligatoire, de pair avec l’adoption d’une loi concernant le travail des jeunes de 14 ans et moins. Voici l’article 14 de la Loi sur l’instruction publique : «14. Tout enfant qui est résident du Québec doit fréquenter une école à compter du premier jour du calendrier scolaire de l’année scolaire suivant celle où il a atteint l’âge de 6 ans jusqu’au dernier jour du calendrier scolaire de l’année scolaire au cours de laquelle il atteint l’âge de 16 ans ou au terme de laquelle il obtient un diplôme décerné par le ministre, selon la première éventualité.»[10]

«Dans les années 60, le gouvernement Lesage avait mis sur pied la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec, qu’a présidée Mgr Parent.»[11] Ce fut un moment fort de l’histoire contemporaine de notre système d’éducation, et c’est à partir de cette enquête que le rapport Parent est devenu «la bible de l’éducation au Québec». Les décennies 1960-70 sont caractérisées par une série de changements politiques, sociaux et institutionnels qui ont doté le Québec de structures et d’outils le transformant en un État moderne. «Personne ne peut cependant nier que la Révolution tranquille a donné lieu à une réforme en profondeur de l’éducation qui a mis au monde les institutions scolaires que l’on connaît aujourd’hui: le ministère de l’Éducation, les polyvalentes, les cégeps et éventuellement le réseau des universités du Québec.[…] Le rapport Parent préconisait l’édification d’un système scolaire unifié, mais aussi , et ce, jusqu’à l’université. En résumé, il n’était plus nécessaire, dorénavant, pour un jeune issu de milieu modeste, d’aspirer à la prêtrise pour espérer accéder à des études supérieures. Tous pourraient maintenant poursuivre des études. On cherchait à rattraper le retard de scolarisation des jeunes Canadiens français (on dirait maintenant Québécois). […] De plus, ce système d’éducation a été conçu à Québec, sans nécessairement tenir compte des diversités régionales ou encore de la réalité multiethnique de Montréal. […] L’école, service public essentiel, doit permettre à un jeune, peu importe son statut social et peu importe le quartier dans lequel il se situe, d’améliorer ses conditions de vie. D’ailleurs, un des grands objectifs du rapport Parent était d’assurer l’égalité des chances, et donc parfois l’inégalité des ressources, pour offrir aux jeunes issus de milieux défavorisés d’aussi bonnes conditions d’études qu’en milieu plus aisé.»[12] Quels sont les acquis de la révolution tranquille?  Ont-ils résisté au temps?

Au début des années 80, lors de l’implantation de la Loi sur la protection de la jeunesse, il y  avait des liens assez constants entre le personnel des services sociaux et le personnel professionnel scolaire. Grande complicité et concertation, que se passe-t-il aujourd’hui avec toute la bureaucratisation et toutes les coupures de postes de pair avec le nombre sans cesse croissant de clients?

Loi 107 :   C’est en 1988, avec l’adoption du projet de loi 107, qu’on pourra réellement parler de dévolution des pouvoirs et d’une plus grande participation des parents. Cette loi institue les conseils d’orientation formés de parents, de représentants du personnel de l’école, de deux élèves du second cycle du secondaire et d’un représentant de la communauté. Pendant dix ans, les conseils d’orientation des écoles québécoises auront pour mandat de déterminer les grandes orientations de l’école, sans toutefois disposer de pouvoirs décisionnels.

«Lors des États généraux sur l’éducation de 1995, point de départ de la réforme de l’éducation en cours, un grand nombre d’organisations, y compris la CEQ, revendiquaient une plus grande autonomie pour l’école et dénonçaient le caractère bureaucratique et centralisé de l’éducation. En fait, la critique de la lourdeur bureaucratique et de l’inefficacité du système centralisé était quasi unanime.»[13]

1995: «Dans ce mémoire présenté à la Commission des États généraux sur l’éducation le 5 octobre 1995, le Conseil permanent de la jeunesse avance 20 recommandations touchant tous les ordres d’enseignement et visant à favoriser la réussite scolaire du plus grand nombre de jeunes. Il y décrète l’urgence au secondaire, qui présente un taux de décrochage et de démotivation inadmissible. Ainsi, le Conseil recommande de favoriser la création de nouveaux projets d’école ou d’options particulières d’études accessibles au plus grand nombre d’élèves possible.»[14]

Le Québec doit décider de son avenir éducatif en toute autonomie, fait mention un article de la CEQ le 15 mai 1996.

La décentralisation scolaire selon madame Marois : l’avant-projet de loi propose une redéfinition des pouvoirs, des responsabilités et des rapports entre les établissements d’enseignement, la commission scolaire et le ministère de l’Éducation. «Il aura fallu attendre 33 ans pour que la recommandation du rapport Parent touchant la maternelle à temps plein soit mise en application. Il y avait belle lurette que plusieurs pays dans le monde avaient déjà adopté cette orientation lorsque la Commission des États généraux sur l’éducation est revenue à la charge en recommandant d’offrir la maternelle 5 ans à temps plein à tous les enfants sans la rendre obligatoire.»[15]

La Loi  180: projet de loi modifiant la Loi sur l’instruction publique. En 1997, la CEQ souhaite que la loi soit étudiée plus longuement, particulièrement sur les articles de la loi traitant de gratuité scolaire, de sous-traitance et de privatisation. Ce projet de loi a introduit une décentralisation budgétaire importante vers les écoles, et le conseil d’établissement se voit confier des pouvoirs à exercer sur cette question.  La loi sur l’instruction publique précise un ensemble de responsabilités du conseil d’établissement en ce qui a trait à la réussite des élèves. Le plan Legault présente un ensemble de facteurs identifiés par la recherche comme étant reliés à la réussite et pouvant inspirer une ou des cibles à retenir dans un plan local de réussite. Dans certains cas, la cible est quantifiable et mesurable; dans d’autres cas, il s’agit d’actions préventives qui le sont difficilement. Il fait mention d’absentéisme, de travail rémunéré pour les jeunes du secondaire, d’un ensemble de mesures de nature psychosociale visant à réduire les maternités précoces et les abus de drogues,  l’aide aux devoirs et des stratégies d’intervention, avec la collaboration de l’organisme de participation des parents afin d’aider ceux-ci à mieux connaître leur rôle dans la réussite de leurs enfants, etc.

Les conseils d’établissement ont un rôle de plus en plus important. Le ministère est-il en train de passer le flambeau dans certains dossiers?  Les conseils d’établissement sont en période de rodage; répondent-ils aux objectifs de la réforme sur la Loi sur l’instruction publique?  Leur a-t-on confié trop de pouvoir?  Les gens de la CEQ s’interrogent?   La direction de l’école a la responsabilité de faire part à la commission scolaire des besoins de l’école. La direction de l’école fait-elle une priorité de diminuer son taux de décrochage scolaire?  Pour répondre aux exigences des plans de réussite demandés par le MEQ, oui, elle doit s’en préoccuper et elle a maintenant la latitude des moyens. Nos directions d’école sont-elles ouvertes à tous les moyens suggérés par les différentes instances?

À l’automne 99, un débat politique est sur la place publique avec la commission parlementaire. Il se poursuit tout au long de l’année. Le gouvernement n’a que deux ans pour procéder à des changements qui rendront les lois scolaires respectueuses des droits fondamentaux.

2000 : Le ministre François Legault et la Centrale des syndicats du Québec (anciennement la CEQ) se sont rencontrés à Saint-Hyacinthe pour discuter des plans de réussite en éducation. La rencontre a été qualifiée de positive. «La Centrale a aussi fait porter la discussion lors de cette rencontre sur la question du modèle devant régir l’élaboration des plans de réussite. Ainsi, le ministre reconnaît l’existence d’une multiplicité de modèles permettant à chaque établissement, en toute autonomie, de se donner des cibles, des moyens et des objectifs autres que les strictes exigences du ministre.»[16]

Québec, le 28 mai 2001 – Une étude rapide menée par la Fédération des syndicats de l’enseignement au cours des dernières semaines. La FSE a constaté une tendance à faire plafonner les ressources affectées aux élèves en difficulté, à la grandeur du Québec, et une autre à profiter de réorganisation de services pour limiter dans les faits la quantité et la qualité des services offerts à cette clientèle spéciale, notamment par l’abolition des groupes fermés. […] Outre ces diminutions nettes, la FSE constate que, depuis quelques années, la tendance est à la diminution ou à l’abandon de classes spéciales pour les élèves en difficulté. La réduction du nombre d’élèves par groupe, en classe régulière, du préscolaire à la deuxième année, ne finira de se réaliser qu’en 2003-2004 et ne pourra à elle seule compenser l’alourdissement que la fermeture des classes spéciales fera peser sur les classes régulières où leur clientèle sera intégrée. La FSE revient à la charge et réclame des sommes d’argent sous enveloppes dédiées pour les élèves en difficulté.[17]

Le 10 septembre 2001, la CSQ dépose un mémoire sur le projet de loi no 109 du printemps 1997, ayant pour objet la restructuration des commissions scolaires.

Le 17 octobre 2001, le Conseil permanent de la jeunesse a comparu devant la Commission de l’éducation, «dans le cadre du projet de loi no 35, Loi modifiant la Loi sur l’instruction publique, qui vise à accorder le droit de vote aux représentants des élèves au sein des conseils d’établissement des écoles secondaires du Québec.»[18]

Selon la Loi sur les normes du travail, il existe une réglementation pour les employeurs régissant le travail chez les jeunes fréquentant une institution scolaire. Le Conseil permanent de la jeunesse a rendu public un avis détaillé intitulé «Emploi atypique et précarité chez les jeunes, une main-d’œuvre à bas prix, compétente et jetable!».   À écouter les jeunes, on comprend bien que l’emploi soit au cœur de leur vie, qu’il les préoccupe au plus haut point. Pourtant, la conjoncture économique en ce début de 21e siècle est plutôt favorable. «Le chômage est en baisse, et le nombre de jeunes assistés sociaux régresse, tout en demeurant inacceptable. Néanmoins, derrière ces données encourageantes se profile une tendance qui ne se dément pas, depuis plus d’une décennie: la jeunesse n’est plus la relève, mais l’armée de réserve pour le monde du travail. […]  Une planète où l’emploi qui permet d’ébaucher des projets d’avenir semble de plus en plus inaccessible.»[19] Un volet d’étude touche l’emploi à temps partiel pendant la période scolaire. Selon ces données, la proportion de jeunes est passée de 10,9 % à 15,9 % entre 1990 et 1998 pour le travail à temps partiel, soit une croissance rapide de 45,9 %. De plus, « 65,4 % de la jeune génération des 15 à 29 ans qui travaillent à temps partiel pendant la période scolaire souhaite travailler à temps plein. […] La proportion d’employés temporaires pendant la période scolaire est presque deux fois plus élevée chez les jeunes que chez les travailleurs plus âgés. […] Disons d’entrée de jeu que la situation des jeunes est fort différente de celle qu’ont vécue leurs parents au même âge. La tendance générale des années 1945 à 1975 se traduisait par un accroissement du niveau de vie. La situation est désormais inversée. C’est ce que démontrent clairement des données provenant du Bureau de la statistique du Québec. […]  Selon les extrapolations des chercheurs, rendus à la cinquantaine, les travailleurs qui avaient 25 ans en 1990 gagneront quelque 200 $ de moins par semaine que ceux qui ont eu 50 ans en 1990. […]  De plus en plus de jeunes, incapables de trouver un emploi stable ou d’entrer sur le marché du travail, décident de poursuivre des études «en attendant».»[20]

Les responsables du décrochage scolaire

Les causes du décrochage sont multiples et interpellent plusieurs acteurs en commençant par le jeune lui-même, ses parents, l’école, la communauté et les politiques. Dans une étude menée en 1976 par la Direction générale de la planification, on signale les raisons évoquées par les décrocheurs. La première raison est reliée au travail et est considérée par les élèves comme une raison majeure de l’abandon scolaire. «Dans cette catégorie, on trouve les motifs qui ont trait au marché du travail, soit la recherche d’un emploi, l’obtention d’un emploi et le goût ou la nécessité de gagner de l’argent.»[21] La deuxième raison regroupe les faits scolaires pouvant inciter un élève à quitter l’école. Ce sont «les difficultés scolaires, les échecs et les retards, l’absentéisme et l’inadaptation scolaire.» [22] La troisième catégorie regroupe les raisons d’ordre familial et les raisons personnelles. Donc, selon les personnes directement impliquées, les causes du décrochage sont très variées.

Différents rapports d’analyse sur les « drop out » des années 70 estiment que ce sont des jeunes qui ont une attitude rebelle devant l’autorité. Une autre analyse affirme que ces jeunes ont également une faible estime d’eux-mêmes; ils sont plus anxieux, ont besoin de gratification immédiate et font preuve d’un niveau d’aspiration vocationnelle peu élevé. En définitive, ces jeunes se révèlent être des inadaptés. Et puisque la faute est de leur côté, ce sont eux qu’il faut aider, rééduquer, soigner. Ce sont des inadaptés sociaux, et l’abandon scolaire est l’une des manifestations de leur inadaptation. Ils ne peuvent s’adapter au système d’éducation actuel, donc ce sont eux les responsables. Monsieur Caouette poursuit en disant : « Tant et si bien que l’un des sous-ministres de l’Éducation du Québec me répondit en 1979, alors que je proposais de mettre sur pied un autre type de services éducatifs pour les décrocheurs, que ce problème ne relevait pas du ministère de l’Éducation, mais de celui des Affaires sociales!» [23] Fidèles à eux-mêmes, les ministères se lançaient la balle pour savoir QUI était responsable du problème et QUI devait trouver la solution!

D’autres auteurs ont, par ailleurs, regardé du côté de la famille de ces jeunes. Ils ont alors trouvé que les parents des décrocheurs sont moins scolarisés que l’ensemble des parents. Les familles des décrocheurs, a-t-on dit, sont défavorisées sur le plan socio économique et présentent des pathologies importantes. Ils ne peuvent donc pas supporter leurs jeunes dans leurs études scolaires. «La pauvreté est plus qu’un handicap économique. Elle est aussi une véritable disqualification tant sur le plan social que sur celui du vécu quotidien. Dans un tel contexte, les obstacles à la réussite sont nombreux. Il est établi que les parents qui coopèrent le moins sont le plus souvent ceux des élèves dits à risque ou en difficulté. Sans leur jeter la pierre, car qui peut nier la difficulté d’être parent, il existe un lien direct et indéniable entre l’attention que la famille accorde à l’école et la réussite scolaire de l’enfant. Il s’agit surtout de l’absence de motivation et de confiance en soi qui se transmet à l’enfant.»[24]

D’autres auteurs ont pris soin d’aborder les décrocheurs directement et de leur demander pourquoi ils avaient quitté l’école. Ils ont fait attention de ne pas dire que l’école était responsable, mais ils ont critiqué le milieu éducatif de l’école. Leur plus grande source d’insatisfaction était les relations interpersonnelles et la deuxième, le contenu des programmes scolaires. Ces jeunes quittent l’école, et la raison majoritaire mentionnée en 70 est passée au second rang : la majorité d’entre eux ne quittent pas pour se trouver un emploi. Richard Langlois, économiste à la CEQ, a écrit : « Au début des années 1990, c’est en travaillant sur l’épineux dossier du décrochage scolaire que la CEQ a commencé à s’intéresser de plus près à la question du travail des jeunes. Des témoignages de plus en plus nombreux des membres de la Centrale faisaient état d’élèves épuisés par le travail de la veille, quand ce n’était pas de la nuit, et qui se révélaient incapables d’accomplir leurs activités scolaires de manière satisfaisante.»[25] Pour le personnel administratif, le travail peut être une cause même s’il n’est plus la première cause du décrochage.

La Centrale des enseignants du Québec a analysé «Les plans de réussite et la Loi sur l’instruction publique (LIP)». Dans son article, elle identifie un ensemble de facteurs comme étant liés à la réussite et qui pourraient inspirer une ou des cibles à retenir dans un plan local de réussite. Voici les facteurs touchant plus particulièrement les décrocheurs.

  • L’absentéisme est étroitement relié aux difficultés scolaires; des mesures pour le réduire favoriseraient la réussite.
  • Au secondaire, un trop grand nombre d’heures de travail rémunéré affecte négativement la réussite; des actions pourraient être envisagées auprès des élèves et des entreprises.
  • Les parents ont un rôle primordial à jouer dans la réussite; on pourra adopter des stratégies d’intervention avec la collaboration de l’Organisme de participation des parents.
  • Le climat de l’école (l’état des relations entre les différents groupes et personnes qui y vivent) est relié à la réussite éducative des élèves.
  • Bien sûr, l’aide aux élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage est au cœur de la réussite éducative; des mesures particulières pourraient être envisagées, outre les services déjà prévus.» [26]

Qui est responsable du décrochage scolaire? Daniel Kemp, en 1992,  nous dira : celui causé par la pauvreté, celui causé par les cadres familiaux inadéquats, celui résiduel, causé par le manque d’intérêt et de motivation de certains jeunes sur qui le système ne collera pas encore. Et tout  au long de son livre, il blâme le système scolaire actuel. Il mentionne que la vision que notre société a de la jeunesse et de l’enfance est responsable. Il ajoute que: «Le système scolaire est désuet depuis longtemps. Il ne s’adapte que très lentement aux nouvelles générations de jeunes. Quand on sait que la technologie et la science subissent une évolution exponentielle alors que le système scolaire ne change qu’à pas de tortue, on peut facilement comprendre son écroulement actuel.» Il ajoute: «C’est autant la façon dont on enseigne à la jeunesse qui est problématique que les matières enseignées. Il y a un trop gros décalage entre l’école et les réalités présentes et surtout à venir. Nos écoles ne préparent pas la jeunesse à vivre plus tard, dans son avenir. Elles la découragent même. Depuis combien de temps les professeurs disent-ils qu’ils ont trop d’élèves dans leur classe?  Le nombre de jeunes par classe n’est pas la cause du décrochage, évidemment, mais il en fait partie. Rien n’a pourtant changé.»[27] Aujourd’hui, les classes augmentent encore en nombre, et l’intégration des élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage se fait souvent sans soutien aux enseignants ni aux élèves. Le taux de décrochage diminuera-t-il au cours des prochaines années?  Rien ne le laisse penser même si plusieurs organismes tentent  de l’enrayer.

La perception des gens et du gouvernement

Une mère monoparentale m’a confirmé que toutes ses amies se demandaient comment elle avait fait pour que son adolescente ne décroche pas, car leurs enfants avaient pour la plupart déjà quitté l’école avant d’avoir eu seize ans. Pour les adultes ayant des conditions de vie minimum, vivant sous le seuil de la pauvreté, ils se divisent en deux. Pour une catégorie, c’est normal de décrocher. Ils ont bien décroché pour la plupart et ils s’en sortent aujourd’hui en vivant relativement bien sur les bras de la société. La plupart se contentent de leur sort. Ils croient tout ce que leurs enfants leur disent et cautionnent toutes leurs absences en les justifiant à l’école. Pour une deuxième catégorie, ils croient en l’éducation et tentent de convaincre leurs enfants d’aller à l’école au moins jusqu’à leur secondaire 5. Ils leur répètent que, sans diplôme, ils ne pourront se trouver un emploi plus tard. Ils sont démunis pour les aider au niveau académique, mais ils croient que l’école, c’est bon pour eux, car ce sont les valeurs qu’ils ont reçues.

Pour d’autres parents, c’est le harcèlement, le questionnement, la peur : dès que l’école téléphone, ils se sentent coupables et ne savent pas comment aider leurs enfants. Ils sont démunis et ils ne savent où trouver les ressources dont ils ont besoin. Peut-être faudrait-il aider ces parents, et comment?

Pour moi, en tant que parent, dès que mon jeune adolescent a commencé à démontrer des signes de rébellion à se lever pour se rendre à l’école, j’ai eu peur au décrochage. Dès que j’ai vu un échec dans son bulletin, j’ai eu peur au décrochage. J’ai pensé à ne pas trop mettre de pression, car je ne voulais pas le démotiver. J’ai tenté de trouver des solutions. Je suis une parente enseignante préoccupée par la motivation de mon jeune plutôt que par ses résultats. Je sais qu’il déteste l’école. Je sais qu’il est plus manuel qu’intellectuel. Je crois que c’est difficile de se trouver un emploi, mais qu’il y en a pour tous ceux qui travaillent fort. Je crois que mon fils a le potentiel pour réussir et je mise sur lui. J’ai diminué mes exigences au plan académique et j’ai augmenté celles au plan de la responsabilité individuelle. Il continue son secondaire dans la moyenne avec quelques échecs.

Plusieurs enseignants pensent que ce sont les parents qui sont responsables de l’abandon scolaire de leurs enfants; selon eux, les parents ne responsabilisent pas leurs enfants, ils les déresponsabilisent. «Les jeunes se payent de la drogue, de la bière, de beaux vêtements, ils ont de l’argent donné par leurs parents et ils se foutent du reste», disent certains enseignants. Les parents nous répondent: «Qu’est-ce que vous voulez que je fasse?»  Les adolescents sont comme ça parce que leurs parents sont comme ça. Ils perdent leur trente-sixième emploi parce que c’est la faute du patron ou du système. Toute leur vie est basée autour de «je ne peux rien y faire, c’est la faute des autres», et les parents pensent la même chose! Ça te prend un permis pour conduire une auto, mais ça ne t’en prend pas pour avoir un enfant. Les assistés sociaux engendrent des assistés sociaux. Le décrochage est la résultante de «Je m’en fous!» Si moi, j’avais osé dire ça à mon père, je me serais fait dévisser la tête!», me disait une collègue de travail. Ce sont des propos que j’ai beaucoup entendus dans les corridors des différentes écoles où j’ai enseigné.

Pour les jeunes qui ne décrochent pas, les décrocheurs sont tout simplement tannés d’aller à l’école, d’avoir des échecs, et ils s’en vont travailler ou «se mettent sur le B.S.».

Pour un de mes beaux-frères, le décrochage est un problème de société. Il y a beaucoup de familles qui ne transmettent plus de valeurs importantes comme l’effort, le travail et la discipline. Ce sont des «enfants rois»! Alors, dès que le jeune est obligé de fournir un effort, il ne sait pas comment faire, il ne veut pas et il décroche. La valeur dominante dans notre société est l’argent et la deuxième, le plaisir. Les jeunes veulent gagner beaucoup d’argent, s’amuser et surtout ne fournir aucun effort. C’est la raison qui les pousse à refuser les emplois au salaire minimum et à traiter de minables les employeurs qui paient à ce prix-là.

Pour mon père, c’est la faute du syndicat. C’est la faute des enseignants. Ils n’ont plus la vocation. Ils travaillent pour la paye, ils respectent  leur convention collective, en s’impliquant le moins possible. «Qu’ils donnent l’argent des syndicats aux jeunes, et il n’y en aura plus, de problèmes!», dit-il.

Ma jeune sœur a quitté l’école le jour de ses 16 ans. Elle y est retournée une année plus tard, a terminé son secondaire 5 et a fait différentes études. Pour elle, ce fut bénéfique d’arrêter l’école à ce moment-là. Elle a dû changer de réseau et se prendre en main. J’ai rencontré un de mes anciens élèves. Il travaille à temps plein et, l’an prochain, il retournera à l’éducation des adultes pour terminer son secondaire 5. Cet arrêt «temporaire» a été un arrêt sain dans sa vie. Les jeunes décrocheurs ont parfois d’excellentes raisons pour aller vivre quelque temps dans la vraie vie et se confronter à la réalité!

Qu’en est-il de la formation des maîtres? Qui devient enseignant aujourd’hui? La société est malade, les jeunes vivent de plus en plus de difficultés personnelles et familiales. Les enfants sont de plus en plus difficiles à gérer pour certains parents et aussi pour certains enseignants. Je ne sais combien d’enseignants sont découragés de l’attitude des jeunes. Je ne sais combien d’enseignants sont démunis devant les nombreuses réformes, que le ministère tente de leur imposer pour le mieux des élèves et, combien les contraintes administratives dans leur milieu, viennent contredire ces mêmes éléments de la réforme! Le rapport du Vérificateur général annonce 39 % de départs d’enseignants pour l’année 2010 et 82 % de départs pour le personnel de direction des écoles des commissions scolaires, en tenant compte des retraités seulement. Qu’en est-il des burn-out et des dépressions dans ce décompte? Ces chiffres font réfléchir. La formation des futurs enseignants est-elle adéquate pour faire face à cette clientèle?

Selon un directeur adjoint de mon école, il y aura toujours des jeunes qui ne cadreront pas avec un modèle unique d’école, que je qualifierais de «livresque». Les garçons surtout ne sont pas habiles dans cette méthode.

Les employeurs exigent des diplômes pour des emplois routiniers qui exigent peu de capacités intellectuelles. Pourquoi? Pour faire une sélection à travers les décrocheurs! Les employeurs ont toujours recherché des jeunes travaillants et selon eux, les décrocheurs «se pognent le beigne». Pourquoi les embaucheraient-ils?

Ce que le gouvernement veut éviter, c’est d’avoir des décrocheurs sur les bras. Ceux qui arrêtent l’école et travaillent ou retournent étudier plus tard représentent un certain pourcentage de décrocheurs «raccrochés». Le gouvernement a peur des boulets à traîner. Il préfère rendre les études obligatoires jusqu’à seize ans et exige des diplômes partout maintenant. Pourtant, les exigences diminuent de plus en plus… Est-ce préférable? Que vaut un cours de secondaire 5 aujourd’hui comparé à un cours de 7e de l’école classique du temps de nos parents?  Faut-il aller plus loin pour en apprendre beaucoup moins? Le Ministère, pour sa part, évalue la réussite scolaire selon la qualité de ses programmes pédagogiques et de l’enseignement de son personnel. Il met en branle son plan de réussite afin d’avoir des cibles mesurables. Plus le taux de décrochage sera bas, meilleurs seront ses programmes.

Une critique

Madame Clairandrée Cauchy, dans son moratoire sur les parcours d’insertion obligatoires, mentionne que «Le gouvernement du Québec s’apprête à aller de l’avant, en septembre, avec ses fameux parcours d’insertion individualisés. Les mesures de parcours obligeront les jeunes bénéficiaires d’aide sociale de 18 à 24 ans à participer à des activités de formation et de recherche d’emploi sous peine de réduction de leurs prestations. Les mesures déjà offertes ne le sont pas en nombre suffisant, et il est bien évident que la situation ne sera pas corrigée d’ici là. Tout comme la plupart des intervenants œuvrant à la formation et à l’insertion des jeunes sans emploi, nous croyons que le volontariat est le meilleur gage de réussite qui soit. Toutes les mesures d’insertion en emploi devraient être volontaires et ne pas venir diminuer la prestation.  Les jeunes doivent s’engager dans des parcours d’insertion afin de les aider à se sortir de la pauvreté, et non craindre de voir leur chèque coupé de 150 $.»[28] Le gouvernement cherche des solutions. Il invente des programmes de réinsertion obligatoires pour aider les jeunes sans emploi à terminer leur formation au lieu de trouver les causes réelles et de tenter de les enrayer.

«Options» a rencontré le sociologue Guy Rocher, un membre éminent de la Commission Parent. Monsieur Rocher est aujourd’hui professeur au Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal. Il critique la formule des États généraux; selon lui, elle «impose des contraintes que nous n’avions pas avec la Commission royale d’enquête. Premièrement, les États généraux disposent de peu de temps pour réaliser leur mandat, alors que la Commission Parent avait un mandat de deux ans et demi, qui s’est prolongé sur cinq ans. Deuxièmement, la Commission des États généraux ne peut pas s’engager dans de nouvelles recherches. Elle est obligée d’utiliser les recherches déjà faites. De plus, les commissaires n’ont pas pu sortir du Québec. Alors que nous, à la Commission Parent, nous sommes sortis du Québec. Cela a été très important. Une grande partie de notre pensée s’est inspirée de ce que nous avons vu en Ontario, dans l’Ouest canadien, dans plusieurs États américains, en Europe et en Russie… D’ailleurs, quand nous arrivions sur place, nous nous rendions compte que c’était souvent bien différent de ce que nous avions lu. De plus, la première chose qui m’a frappé, c’est que le rapport de la Commission Parent n’apparaît dans aucune des bibliographies. On remonte au rapport Corbo, mais pas au-delà. En France, on n’aurait jamais vu ça, on aurait lu les rapports précédents avant de commencer une démarche. Je le dis parce que c’est surprenant à plusieurs égards. D’abord parce qu’il y a, de toute évidence, une continuité avec le rapport Parent. Ainsi, au tout début de ce rapport, à la page 9, les auteurs disent vouloir recentrer l’école sur l’élève à tous les ordres d’enseignement, «remettre l’élève au cœur de la mission éducative». Dans les lignes suivantes, ils parlent de l’école comme milieu de vie… Je pense que c’est écrit à peu près dans les mêmes termes dans le rapport Parent.  Mais c’est un peu malheureux… parce que nous avons dit ça dans le Rrapport Parent et… ce n’est pas ce qui est arrivé. Et là, je crains qu’il arrive la même chose. Que cela reste dans le discours officiel et qu’ensuite, on passe aux choses sérieuses: le règlement pédagogique, le financement, la carrière des professeurs, les manuels scolaires… Finalement, l’élève est oublié.»[29]

Cette critique vaut son pesant d’or. Cet homme a siégé sur la Commission Parent durant cinq ans, et de bons fonctionnaires, pleins de bonnes intentions, ont tassé tout leur travail du revers de la main. Ce sont ces gens qui ont le pouvoir d’implanter une nouvelle réforme en éducation qui ne tiennent pas compte de l’expérience passée. Et on se demande pourquoi elle est si lente à démarrer. Pourquoi vouloir sans cesse réinventer la roue? L’expérience acquise est nécessaire afin d’éviter de répéter les mêmes erreurs; de plus, il y a toujours du bon dans un projet : pourquoi ne pas conserver ce qui est bon? La prochaine réforme scolaire va faire disparaître différents cours, entre autres le cours d’économie familiale. Un des rares cours offerts aux élèves de secondaire 2, où ils peuvent avoir des ateliers manuels comme la couture et la cuisine. Les gens auront toujours besoin de cuisiner et de réparer leurs vêtements. Pourquoi inclure la disparition de ce cours? Ont-ils tenu compte du taux de satisfaction des jeunes ayant suivi ce cours? Continuons à leur donner davantage de théorie, les intentions sont louables, les notions théoriques devraient être incluses dans le nouveau cours de l’éducation à la citoyenneté et, surtout, continuons d’enlever tout ce qui a l’air d’un amusement et qui pourrait motiver une certaine clientèle!

En décembre 1998, madame Hélène Le Brun, conseillère à la CEQ critiquait madame Marois, la ministre de l’Éducation. Voici certains éléments de sa critique. «La ministre indique, avec insistance, que ces changements nécessitent un environnement éducatif favorable à la réalisation d’une formation réussie pour tous les élèves et qu’ils doivent reposer sur une organisation scolaire centrée sur une attention particulière apportée au cheminement de chaque élève.  Les intentions ministérielles sont louables. Mais qu’en est-il des moyens envisagés pour assurer l’égalité des chances? L’énoncé de politique traite des conditions qui doivent être réunies pour accéder à la réussite éducative, mais reste muet sur les conditions financières, humaines et matérielles qui doivent être consenties. De l’avis de plusieurs enseignantes et enseignants, il semble que le «beau programme» reposerait un peu trop sur leurs seules épaules. «Tout ne serait qu’une question de volonté, de programmes, d’approches pédagogiques et d’organisation scolaire plus souple», selon Marcel Leroux, vice-président de la Fédération des enseignantes et enseignants de commissions scolaires. […] La réforme du curriculum ignore complètement les besoins des élèves et du personnel aux chapitres des services professionnels et de soutien nécessaire à la réussite.»[30]

J’ai travaillé personnellement dans un ministère de la Fonction publique pendant cinq ans et lorsque les ministres ont annoncé «5000 postes coupés pour les cinq prochaines années», ce fut une étape choc, mais ils ne nous ont pas laissé tomber. Ils nous ont pris en charge côté formation et soutien au plan personnel et individuel durant ces cinq années. En plus de toutes les rencontres nous expliquant la nouvelle structure, les nouveaux changements organisationnels et leurs attentes quant à de nouvelles capacités à développer, nous avons eu droit à différentes formations sur les transitions, sur le changement, sur les attitudes à développer pouvant faciliter notre propre adaptation. Je parle des années 92 à 97, cela ne fait pas si longtemps, et toutes ces dépenses étaient aux frais de l’employeur. En ce qui concerne la  réforme scolaire, j’ai eu droit, depuis cinq ans, à deux conférences et à une pièce de théâtre sur le sujet. Je ne sens pas que la direction de mon école se préoccupe de mon attitude en regard de la réforme. Je ne perçois pas qu’elle est consciente des résistances aux changements que j’entends lors de ces rencontres obligatoires. Les formations que je recevais dans mon ancien ministère m’apportaient un «plus» au niveau personnel. Elles m’aidaient à comprendre ce que je vivais dans tous ces changements imposés et nécessaires. Je crois  sincèrement que cela manque dans notre ministère. Nous devrions peut-être emprunter des bonnes choses du fédéral!

En décembre 98,  monsieur Yves Lanctôt, conseillé à la CEQ, écrit cette critique dans son article sur le Parti libéral du Québec: «En éducation, le PLQ veut assurer le financement en se basant sur des indicateurs de performance. Au primaire, les libéraux souhaitent que la scolarisation des enfants commence dès la maternelle, et ils pensent que l’anglais devrait être enseigné dès la première année.» La présidente de la Centrale a réagi en rappelant que «tous les groupes d’études qui se sont penchés sur le sujet recommandent plutôt un renforcement du français dans les premières années d’école.» «Quant à l’idée d’évaluer les écoles et de les financer en fonction de la performance, madame Pagé considère qu’il s’agit là d’un effet pervers du culte de l’excellence et de la performance.»[31] D’ailleurs, plus tôt dans l’année, la présidente de la Centrale de l’enseignement du Québec, Mme Lorraine Pagé, met en garde les décideurs et gestionnaires en éducation contre la tentation de pousser tous azimuts la décentralisation dans l’ensemble du système de l’éducation.» C’est une fumisterie de faire croire que la décentralisation dans le système éducatif apporterait une solution à bien des problèmes que nous vivons au Québec.»[32]

Dans certaines commissions scolaires, les fusions se préparent, s’organisent, et une dimension humaine est prise en considération. Il y a des rencontres d’animation sur la fusion avec des personnes chargées de faire avancer les choses et d’adoucir les résistances. Dans d’autres commissions scolaires, les fusions s’annoncent, et les syndicats réunissent les gens pour la première fois avec les offres de postes et de contrats. Cela peut-il dépendre de la tendance des dirigeants?

Madame Marois a rendu obligatoire la maternelle à 5 ans. Des enfants plus jeunes dans les classes afin de pallier à un milieu de pauvreté plus grand qui n’assure pas l’éducation des enfants en bas âge. Des écoles trop petites, des services de garde insuffisants, quel branle-bas de combat! Des services de garde en milieu scolaire où les jeunes passent plus de huit heures par jour, où les activités sont regroupées avec le travail scolaire, où le temps de jeu est réglementé de la même façon que le temps d’étude et de travail scolaire. Est-ce un réel service pour nos jeunes ou ne nous les écœurons-nous pas un peu plus tôt? Cela n’amènera-t-il pas nos jeunes à décrocher encore plus rapidement? Les rapports sur la santé mentale de nos jeunes nous confirment que le taux de dépression chez les enfants est à la hausse! Répondons-nous vraiment aux besoins des jeunes enfants? Personnellement, j’ai toujours été contre les garderies en milieu scolaire, contre les maternelles à plein temps. Je préfère une garde en milieu familial où l’enfant peut jouer avec d’autres enfants de tous les âges et retrouver nos bonnes vieilles valeurs traditionnelles d’entraide, de partage et de respect parce que, justement, ce milieu recrée une famille nombreuse sous la tutelle d’une personne qui aime les enfants. Avec les frais de garde à 5 $ par jour, ce milieu aussi risque d’être contaminé! Un diplôme pour éduquer nos enfants, des diplômes pour les techniques en garderie, alors que pourtant, nos bonnes vieilles mamans avaient plus de cœur à l’ouvrage et savaient nous consoler. Tout ne s’apprend pas dans les livres! Guy Rocher, dans sa critique sur les États généraux, pense: «L’école en prend trop sur ses épaules! Je suis d’accord qu’il faille intervenir avant 5 ans si l’on veut prévenir le décrochage, à tout le moins, dans certains milieux. Mais cela peut se faire de diverses façons. Selon moi, ce n’est pas nécessairement en amenant les enfants à l’école plus tôt qu’on va régler le problème. On risque, au contraire, de les écœurer plus vite et de créer des traumatismes scolaires plus considérables. […]» Il ajoute : «Il y a 30 ans, les filles avaient un retard à rattraper sur les garçons sur le plan de la scolarité et de leur place dans la société. Elles y ont donc «mis le paquet». Je l’observe à la faculté de droit: les filles travaillent beaucoup plus et plus minutieusement que les garçons. Elles sont aussi plus austères dans leur travail, plus exigeantes envers elles-mêmes. Auraient-elles reçu une éducation plus sévère dans leur famille et les garçons auraient-ils reçu une éducation plus laxiste? C’est une hypothèse plausible, selon moi. Je crois qu’on a hérité, dans le milieu canadien-français, des attitudes sexistes anciennes.» [33]

Madame Clairandrée Cauchy, dans une conférence donnée le 1er avril 2000, parle d’arrimage entre les ministères: «Aujourd’hui, on passe de plus en plus de l’école au travail et du travail à l’école, tout au long de sa vie. Les penseurs de l’éducation se gargarisent avec des discours sur la formation continue. Pourtant, les structures ne suivent pas les discours: les machines du ministère de l’Éducation et d’Emploi- Québec fonctionnent en parallèle, comme si on vivait encore à l’époque de la «job steady» à temps plein après les études. Quel gouvernement aura le courage de nommer un même ministre à l’éducation supérieure et à la main-d’œuvre afin de forcer ces deux réseaux à collaborer?»[34]

Qui se préoccupe des jeunes vivant ces périodes de décrochage? Une étude en France a analysé que : «Dans l’ensemble, les jeunes vivent mal les périodes de déscolarisation. Au début, ceux qui ont mis fin eux-mêmes à leur scolarité passent par une période de soulagement et même de satisfaction. Lors d’une exclusion par l’établissement scolaire, ce sont les sentiments d’injustice et de colère qui dominent et qui sont rattachés à la gravité de l’échec subi. Avec le temps, l’inquiétude gagne du terrain, sous la pression des familles, qui les poussent devant la peur de ne plus avoir de place et d’être livrés à eux-mêmes, sans argent.»[35] Le travail des dirigeants vise avant tout à rendre cette expérience valorisante et à trouver une façon d’aider les jeunes et les familles aux prises avec des décrocheurs. Je n’ai rien trouvé en ce sens ici au Québec. Ce que je connais, ce sont les pressions faites pour que le jeune termine son secondaire et se trouve un métier, et ce, tant de la part des parents que de la part des ministères et organismes communautaires concernés.

Les gens sensibilisés au problème écrivent des moratoires, des recommandations à nos instances politiques et économiques. Le ministère implante une nouvelle réforme et les directions d’école, en réponse aux nouveaux plans de réussite, imposent des nouvelles cibles. Elles assurent un suivi quotidien par téléphone au domicile des élèves absents, car c’est un des premiers comportements observables chez les futurs décrocheurs, au début, ils s’absentent!  Les jeunes vivent des retards et des absences et lorsqu’il y en a trop, il y a une suspension… Utopie : on veut le garder à l’école, on veut le raccrocher et on le punit en le suspendant de ces cours. Comment contourner un système désuet? Ce n’est pas facile. Tous ont raison, et personne n’a tord!

Le Conseil permanent de la jeunesse a publié un avis pour l’accès des jeunes à une citoyenneté pleine et active en septembre 1999. Il parle de nécessité d’un changement de mentalité. «On exige des jeunes qu’ils s’adaptent à un système scolaire qui a de la difficulté à les orienter et à les aider dans leurs choix. On exige qu’ils s’ajustent aux réalités de l’emploi qui nécessite une formation de pointe, plus complète. On exige qu’ils se conforment à un marché du travail qui offre beaucoup d’emplois précaires avec peu ou pas de protections sociales ni d’avantages sociaux. On exige qu’ils acceptent un marché du travail qui a tendance à les exclure. Enfin, les jeunes doivent assumer de nouveaux rôles sociaux et s’adapter à une importante redéfinition de la famille. Il faudrait maintenant être à l’écoute de leurs besoins et favoriser leur intégration à la société. Les jeunes doivent être considérés comme une force vive qui participe à l’évolution et à la construction du Québec plutôt qu’un «groupe passif» que l’on gère. La jeunesse, il faut aussi la voir dans le présent, pas uniquement dans l’avenir! […] Il est grand temps de reconnaître que de nombreux jeunes sont en difficulté et ainsi de se donner l’obligation de corriger ce véritable problème de société. […] Il importe d’agir de façon concrète dès l’adolescence et jusqu’à l’âge adulte pour prévenir l’exclusion des jeunes et faciliter leur participation pleine et entière à la société québécoise.»[36]

Des solutions

Plusieurs organismes et individus réfléchissent et tentent d’influencer les décideurs. Il faut sortir de nos paradigmes et trouver des solutions dans d’autres milieux. Il faut ouvrir les esprits, accepter que les solutions paraissent utopiques au début de leur application et faire des expériences nouvelles. Il faut changer.

Madame Clairandrée Cauchy, présidente au Conseil permanent de la jeunesse, affirme: «Les jeunes forment la génération la plus scolarisée de l’histoire du Québec, malgré tout, environ 34% d’entre eux sortent de l’école secondaire sans diplôme. L’école doit absolument être un milieu de vie stimulant où les jeunes ont le goût d’apprendre. Les quelque 2 milliards $ de compressions en éducation au cours des six dernières années ont fait mal. Il faut maintenant réinvestir massivement et stratégiquement pour améliorer, entre autres, les services d’orientation, de recherche de stages, les services offerts aux élèves en difficulté, les activités parascolaires.»[37] Il faut investir des sommes d’argent dans l’éducation.

Le Conseil permanent de la jeunesse, dans son mémoire sur les emplois atypiques, suggère aux entreprises de «s’impliquer davantage dans l’offre de stages de formation afin de fournir aux jeunes de l’expérience, de faire des journées «portes ouvertes» afin que les élèves et les étudiants puissent discuter avec les employés et voir ce que ces derniers font, concrètement, dans le cadre de leur travail, de donner la chance aux jeunes en diminuant les exigences relatives à l’expérience. Il suggère au gouvernement de prendre des mesures contre le décrochage scolaire avant leur 5e secondaire. Et voici ce qu’il suggère au milieu scolaire : l’école devrait mieux aider les jeunes à s’orienter; elle devrait davantage les informer sur les diverses possibilités d’emploi qui s’offrent à eux, autrement que par le cours «choix de carrières» qui, selon la majorité, n’est pas efficace. L’école pourrait également servir à tisser des liens plus étroits avec les employeurs en offrant des stages, des programmes coopératifs et de la formation plus orientée vers les besoins réels des entreprises.»[38] La réforme applique cette recommandation. Elle fait disparaître le cours d’éducation choix de carrières et sensibilise les enseignants à adopter le thème «École orientante». Il faut que les employeurs et les écoles travaillent ensemble pour faire connaître leurs métiers d’une façon stimulante pour les jeunes.

Le directeur adjoint de mon école suggère que pour ces jeunes, nous devions faire comme en France. Depuis le Moyen-Âge existe ce qu’il nomme «le compagnonnage». C’est-à-dire qu’un jeune se trouve un maître avec lequel il travaille de 10 à 15 ans pour apprendre son métier. Nous devrions aussi avoir différents projets à l’intérieur de l’école, avoir plus de stages en milieu de travail, et que ceux-ci se fassent de façon beaucoup plus intensive que la situation présente. Une collègue de travail m’a fait la même suggestion : le parrainage en milieu professionnel devrait exister. De toute façon, nous aurons toujours besoin de boulanger, d’électricien, de garagiste, etc. Dans un autre communiqué, madame Clairandrée Cauchy  écrit: «Il faut faire renaître certaines valeurs qui ont présidé à la réforme de l’éducation, telles l’accessibilité pour toutes et tous, mais aussi la nécessité de dispenser une formation diversifiée répondant aux intérêts et aptitudes de chacun. Cela signifie entre autres remettre sur les rails une formation professionnelle au secondaire réellement accessible aux jeunes, valoriser la formation technique, insister sur la formation citoyenne du jeune, offrir des projets pédagogiques diversifiés, accessibles à tous.»[39] Il faut investir dans les métiers et les valoriser à nouveau auprès des jeunes et de la société.

Un nouvel outil de prévention du décrochage scolaire est disponible dans la région de Montréal. La Direction de la santé publique de Montréal-Centre (DSP) et les membres du Regroupement des organismes communautaires d’intervention auprès des jeunes décrocheurs scolaires potentiels ou réels de l’Île de Montréal (ROCIDEC)  ont annoncé la publication du guide Des communautés éducatives en soutien scolaire et social, le 4 décembre 2001. Les gens se regroupent, les ressources des différents milieux s’unissent, et c’est de cette mise en commun que peuvent naître de nouvelles façons de faire. Il faut que les organismes communautaires, la Direction de la santé et les commissions scolaires travaillent en coopération.

«Je pense que nous sommes rendus à un point où il faut absolument que l’État légifère pour interdire le travail de nuit et pour interdire aux employeurs d’embaucher des jeunes de moins de 16 ans. Il y a là une inconscience sociale de la part des employeurs et un laxisme de la part des familles. Je ne suis pas toujours en faveur de l’intervention de l’État. Mais dans ce cas, on a trop tardé. Cela fait déjà trois ans que le Conseil supérieur de l’éducation a publié un rapport choc sur le travail rémunéré. Mais le gouvernement n’a pas agi. Maintenant, la Commission rebrasse la cage sur ce sujet, avec raison. Il faut agir, c’est urgent! Car le travail rémunéré des jeunes est un effet pervers de la société de consommation… Ce n’est pas pour manger que travaillent un grand nombre de jeunes.»[40] Il faut légiférer le travail chez les jeunes d’âge scolaire et faire respecter les normes du travail auprès de la clientèle jeune et sans expérience.

L’étude en France a permis d’identifier les situations de jeunes en décrochage avant 16 ans et «de réfléchir aux particularités de l’accompagnement éducatif nécessaire pour les réinscrire dans un cadre scolaire. De repérer les difficultés rencontrées par ces jeunes et les questions posées par la poursuite de leur formation. De décrire les actions menées en collaboration avec l’Éducation Nationale : les collèges et la mission générale d’insertion en particulier. Elle fait apparaître la vigilance nécessaire des éducateurs, des familles et des établissements scolaires pour relancer, de façon coordonnée, les jeunes dans leur scolarité. Elle met l’accent sur la qualité du travail en partenariat à développer pour faciliter la mise en place de réponses adaptées au nombre de jeunes concernés.»[41] Il faut découvrir les difficultés scolaires rencontrées par les jeunes et les aider à les régler pour terminer leurs études.

Le journal Le Virage du MEQ a fait paraître un article en mars dernier intitulé «un jeu pour réfléchir à l’exclusion financière». C’est un jeu de société qui met les participants dans la peau de prestataires de la sécurité du revenu. Ils reçoivent un revenu fictif, font face aux imprévus de la vie et doivent ainsi se rendre au bout du mois sans manquer d’argent. Il a été conçu par le Centre local d’emploi en collaboration avec la maison des jeunes l’Évasion de Chicoutimi. Il permet de sensibiliser les jeunes à leur avenir.  Il faut aider les jeunes à mesurer l’impact de leur décision avant qu’ils la prennent.

Des solutions existent-elles pour contrer le décrochage scolaire chez nos jeunes?  La nouvelle réforme du ministère tente d’amener des solutions. Daniel Kemp, dans son livre et ses conférences, en soumet plusieurs stratégiques, révolutionnaires et, surtout, qui pourraient marcher. Qui oserait appliquer autant de changements sans se confronter à notre culture québécoise?  Mon fils de dix ans a bien ri lorsque je lui ai lu les suggestions qu’il fait. Il a dit tout bonnement: «Maman, tu devrais faire lire ce livre à ma directrice!» Ces suggestions étaient révolutionnaires pour mon enfant, elles étaient parfaites et rendaient enfin l’école intéressante. En voici quelques-unes, car même moi, après avoir lu ces arguments, j’en suis venue aux mêmes conclusions. Pourquoi éviter tous ces outils qui rendent la vie si facile et qui seront le quotidien de nos jeunes de demain? Les ordinateurs se doivent d’être sur les pupitres de nos élèves, et les enseignants doivent les utiliser pour rendre leur enseignement plus vivant et plus moderne. Le remplacement de la majorité des livres scolaires par des didacticiels permettrait un transfert d’argent. Donc les didacticiels ne coûteraient rien, et le reste financerait l’achat des ordinateurs. Vu que les examens se feraient sur l’ordinateur, il y aurait une économie substantielle en papier et en photocopie. [42]

En 1994, mon autre fils était en deuxième année; son professeur était à sa dernière année d’enseignement et a refusé que les élèves aient des ordinateurs dans la classe. C’était la seule classe de l’école sans ordinateur. Je me suis révoltée au début, ensuite je me suis dit que cela ne changerait rien à la vie de mon fils, il apprendrait quand ce serait le temps, et nous avons un ordinateur à la maison depuis 1998. Il en sait plus que moi sur tous ces gadgets informatiques! Nos jeunes nous dépassent, donnons-leur les outils pour qu’ils puissent vivre en avant de leur temps et non à la traîne. Nous avons des éléments proactifs à portée de la main, servons-nous-en! Il faut rendre l’école agréable en utilisant la technologie de pointe.

M. Kemp suggère également de fermer l’école durant les mois froids de l’hiver plutôt que l’été, car plus personne ne fait les foins au Québec, et cela diminuerait beaucoup la facture d’électricité; plusieurs pays ont cette planification scolaire. Daniel mentionne aussi différents moyens de rendre l’école plus agréable comme milieu de vie. Son livre m’a beaucoup fait réfléchir, et je pense qu’il faudrait définir les responsabilités parentales quant aux travaux scolaires. Combien de foyers font-ils du

temps consacrés aux travaux scolaires le pire moment de la journée, alors que cette période vise à aider leurs jeunes à réussir à l’école?  Daniel condamne les devoirs à la maison en disant qu’il faut privilégier le climat familial. Imaginez, ne serait-ce qu’un instant : l’abolition de tous les devoirs à la maison, aucun enfant sermonné dans les maisons sur ce sujet, aucun élève puni à l’école pour devoir non fait, aucun suivi disciplinaire… peut-être faut-il y penser plus longtemps? Il est utopique de croire également que tous les parents peuvent aider leurs enfants dans leurs travaux scolaires. Il faut préciser les différents rôles de la famille et de l’école quant aux responsabilités scolaires et aider les parents qui éprouvent des difficultés à aider leurs enfants.

Pourquoi tant d’adultes se prennent-ils en main et se mettent-ils à la recherche de différentes ressources de cheminement personnel? Aujourd’hui, il existe tant de façons de réaliser son plein potentiel, tant de nouvelles sciences mises à notre disposition, pourquoi nos jeunes doivent-ils attendre d’avoir 40 ans et de vouloir corriger les lacunes de notre système éducationnel?

Aux États-Unis, Léo Buscaglia a inventé un cours sur le bonheur dans une université en 1992. William Glasser a inventé «The Reality Therapy» et a bâti une école pour des jeunes filles en prison, basée sur la responsabilisation et la théorie du choix. Les Hyrum Smith, avec ses cours sur la gestion du temps, et Anthony Robbins, avec ses cours sur notre pouvoir illimité, font fureur, et ces auteurs sont millionnaires. Des millions d’adultes suivent ces formations en payant de leur poche et cherchent à être mieux dans leur peau. Des sciences plus près des jeunes et plus accessibles existent et sont de merveilleux outils à offrir à nos jeunes décrocheurs et, surtout, à tous les intervenants. Des approches différentes existent, et des réflexions fondées sur des notions venant d’autres horizons restent utiles.

Le chaos est en train de s’installer, et des idées nouvelles commencent à germer. Les gens qui osent croire leur projet valable doivent se battre avec une administration de plus en plus serrée et restreinte, des contraintes de locaux et d’heures de plus en plus limités. Continuer à vouloir investir témoigne d’outils valables qui peuvent faire une différence pour la motivation de nos jeunes. Trop souvent, hélas, ces idées se heurtent à de l’ignorance ou tout simplement à la peur de la nouveauté.

La programmation neurolinguistique est une nouvelle science qui fait fureur aux États-Unis depuis vingt-cinq ans. Elle permet entre autres de communiquer plus efficacement en comprenant le modèle du monde de notre interlocuteur et fait prendre conscience de la portée de notre «linguistique» et du pouvoir des mots. Elle permet également d’utiliser l’espace physique pour faciliter la mémorisation. C’est un outil de compréhension à la portée de tous. Quand sera-t-elle offerte comme  cours obligatoire à la formation des maîtres? Quand sera-t-elle offerte comme compétences transversales à nos élèves?

Dimitri Demnard vient de publier L’aide à la scolarité par la PNL, Comprendre et résoudre les difficultés scolaires. Son introduction sur la difficulté scolaire jette un regard nouveau et une perspective totalement différente des difficultés scolaires. Souvent les adultes induisent à «ne considérer la difficulté scolaire qu’en termes d’insuffisances: manque de concentration, manque de mémoire, manque de connaissances, manque d’attention, ne lit pas les consignes, n’écoute pas en classe, n’apprend pas ses leçons, etc.» Après une brève explication de la programmation neurolinguistique, il met en valeur que «ces techniques fournissent des outils de premier intérêt pour analyser avec une grande finesse les composantes de la difficulté scolaire. La PNL ne constitue cependant pas une panacée dans l’aide à la scolarité; néanmoins, elle représente un moyen extrêmement intéressant d’entrer dans l’aide à la scolarité grâce à ses techniques d’écoute, à la variété de ses procédures, à la souplesse de leurs applications et, d’une manière globale, grâce à l’optimisme qu’autorise son efficacité. […] Dans mes consultations, je n’ai jamais à aider un enfant-élève à combler un manque; au contraire, après avoir clarifié ses difficultés, je découvre qu’il a besoin de mieux gérer des scrupules intellectuels excessifs, d’apprendre à faciliter l’utilisation de ses ressources, de trouver comment simplifier ou rendre plus efficaces des mécanismes mentaux qu’il possède déjà.»[43] Cet outil peut aider les enseignants à mieux comprendre les difficultés de leurs élèves et ainsi réduire efficacement le taux de décrochage. Sans compter qu’il peut également les aider à utiliser davantage de ressources afin de rendre leur enseignement plus accessible à chacun. Il faut investir dans la formation des maîtres des outils modernes en communication.

Selon moi, pour demeurer dans l’enseignement et être en mesure de donner aux jeunes ce qu’il y a de meilleur, cela prend des enseignants qui demeurent des étudiants, qui s’informent et se perfectionnent, qui osent se remettre en question et transmettre un savoir en étant d’abord présents aux humains de leurs classes. Nos valeurs traditionnelles: le respect, la compréhension, l’écoute et la présence ont toujours leur place. Elles sont souvent négligées au bénéfice d’un contenu à passer. Cela prend également un soutien aux enseignants. Le professeur devant une classe vit différentes problématiques, certains élèves les forcent à se positionner, à se remettre en question. Cela demande un état interne stable et équilibré. Plusieurs adultes vivent des difficultés personnelles, les enseignants ne sont pas épargnés. Cela prend également une direction humaine, transparente et ouverte aux idées nouvelles, sensible aux différentes problématiques et à l’écoute des suggestions provenant de son propre milieu. Chacun possède les ressources pour trouver des solutions aux problèmes qu’il vit. Il en est de même dans les milieux scolaires. Oser devrait être la nouvelle devise. Les leaders sont rares, cela demande une énergie qui s’épuise rapidement. Faire confiance à son personnel et lui démontrer de la reconnaissance sont des gestes toujours appréciés. Il existe encore malheureusement beaucoup d’enseignants et de directions d’école qui croient que la seule façon de se faire obéir est de gérer avec une autorité absolue et de faire du contrôle. Il faut créer un milieu scolaire humain et aidant pour tout le personnel et tous les élèves.

Une des façons d’aider les jeunes décrocheurs, en attendant que la société et le milieu scolaire changent, est d’abord de faire de la prévention, de les dépister le plus tôt possible et de les épauler. La façon de les soutenir est de les amener à comprendre leurs difficultés, à se connaître davantage, à accepter leurs différences individuelles et celles de chaque enseignant, à se fixer des objectifs réalistes et à gagner une petite victoire à la fois afin de rebâtir son estime personnelle. Pour l’instant, je crois que cela peut se faire de façon individuelle avec un intervenant spécialisé ou un adulte de confiance. Par contre, j’aimerais relever le défi un jour et monter un cours qui s’intitulerait «Apprendre à réussir au travers de l’école». Vous avez sans doute deviné que j’étudie la programmation neurolinguistique. C’est un coffre à outils qui m’a apporté une grande souplesse dans mes interventions et qui m’a beaucoup fait réfléchir sur mes communications interpersonnelles, autant dans mon rôle d’enseignante et de parent qu’au plan individuel. C’est une science qui permet d’exploiter plus efficacement toutes ses ressources, surtout celles de son cerveau! Il faut intervenir très tôt auprès des jeunes démotivés et les aider à rebâtir leur estime personnelle.

Conclusion

J’ai beaucoup appris à travers ces heures de recherche sur le décrochage scolaire. Je pense m’être forgée une idée assez objective de tous les intervenants, leurs opinions, leurs luttes et leurs espoirs.

Les statistiques m’ont ouvert les yeux et les projections m’ont effrayée. L’histoire et les politiques sociales m’ont fait comprendre les bonnes intentions de chacun, les efforts et les argents investis pour améliorer le niveau d’éducation au Québec. L’opinion des gens de mon entourage m’a amené à considérer le problème selon d’autres perceptions individuelles. Les critiques de différentes personnalités qui ont travaillé si fort sur leurs dossiers respectifs m’ont aidée à développer mon propre esprit critique. D’ailleurs, j’ai éprouvé des difficultés à synthétiser leurs propos tellement je les trouvais pertinents. Mes heures de lecture sur les solutions proposées me font sourire encore, ce furent d’ailleurs mes premiers livres sur le sujet et les derniers. Ils m’ont permis d’espérer. J’ai tenté de regrouper tous les éléments pouvant avoir un impact sur ce problème.

Je pense que notre société a créé ce problème social: en voulant rendre l’éducation accessible à tous, en voulant que chacun ait la possibilité de faire le métier de son choix, en voulant éliminer les différentes classes sociales. Le problème, c’est: «que ce n’est pas tout le monde qui veut  entrer dans ce moule parfait». Par le fait même, tu deviens un exclu et, comme notre société veut vraiment que tout le monde reçoive une éducation au Québec, les ministères inventent des programmes pour te réintégrer. C’est une analyse constructiviste et fonctionnaliste qui ressort de ma recherche.

Je pense sincèrement que notre société a créé ce problème social et que, tant et aussi longtemps qu’elle ne changera pas en profondeur, il demeurera une réalité. Le roulement obligatoire en personnel à la tête de nos ministères et de nos écoles pourrait rendre ce changement possible plus rapidement. Les décrocheurs ne sont pas un problème, ils sont une clientèle qui a des besoins différents.

Selon moi, il faut croire que nous avons les ressources et les réponses à ce que nous vivons. Il faut exploiter plus de ce qui fonctionne, diminuer ce qui est désuet et investir dans des idées nouvelles. Les jeunes décrocheurs sont les mieux placés pour résoudre leur problème. Qui s’est assis avec eux et les a vraiment écoutés?  Cessons de les ignorer et de vouloir régler le problème à leur place. Il faut absolument les inclure dans le processus, sinon nous ferons des ronds dans l’eau pour une minorité et nous n’aurons pas l’approbation ni de la population ni des personnes concernées. Ils doivent être partie prenante de la solution. Ils sont les mieux placés pour implanter un changement qui pourrait faire une différence. Enfin, je crois…


Biographie

Volumes

  1. Caouette, Charles E. Si on parlait d’éducation, Pour un nouveau projet de société, VLB éditeur, Montréal, 1992, 262 pages.
  2. Kemp, Daniel,  Mettre fin au décrochage scolaire,  Comment désamorcer une bombe, Éditions E=MC2 , Canada, 1992, 251 pages.
  3. Demnard, Dimitri, L’aide à la scolarité, Comprendre et résoudre les difficultés scolaires, Éditions De Boeck & Larcier, Belgique, 2002, 202 pages.
  4. Gouvernement du Québec, ministère de l’Éducation, direction générale du développement pédagogique, L’abandon scolaire, Je prépare mon avenir, MEQ, 1981, 35 pages.
  5. Rivard, Claude, Conseils pratiques pour réussir au secondaire, Ce que m’ont appris 10 ans de lutte contre le décrochage scolaire, Les Éditions Septembre, Ste-Foy, 1995, 94 pages.

Publications   (Internet)

  1. Marc Thibodeau, Le taux de décrochage scolaire à un niveau dramatique, La Presse , 4 janvier 2002.
  2. Le Vérificateur général du Québec, Rapport de 2000 – 2001, Risques sociaux.
  3. Colette Bouvier, psychologue, Les jeunes en décrochage scolaire,
  4. Daniel Lambert, psychologue, Source : Assemblée nationale, Commission de l’éducation, Les conditions de la réussite au secondaire, 1996.
  5. Publications Québec, Loi sur l’instruction publique, 1988.

CEQ Centrale d’enseignement du Québec (Internet)

  1. Nouvelles CEQ, mai-juin 1999, p. 11 et MEQ, La rentabilité du diplôme, Bulletin statistique de l’éducation, no 8, février 99.
  2. Nouvelles CEQ, janvier-février 1998,  par Hélène Lebrun.
  3. Nouvelles CEQ, propos de madame Lorraine Pagé au Congrès des commissions scolaires du Québec, 1998.
  4. Nouvelles CEQ, juillet 1998.
  5. Nouvelles CEQ, mai-juin 1998.
  6. Nouvelles CEQ, Jean-Claude Tardif, sept-oct. 97.
  7. CSQ, Les plans de réussite et la Loi sur l’instruction publique (LIP).
  8. J’accuse le règlement pédagogique, Options a rencontré le sociologue Guy Rocher.
  9. Jocelyn Berthelot et Véronique Brouillette, Convictions démocratiques et menaces marchandes, recherche pour la CEQ, 1998.

CPJ  Conseil permanent de la jeunesse (Internet)

  1. Clairandrée Cauchy, présidente du Conseil permanent de la jeunesse, Les 40 ans de la révolution tranquille, Placer les jeunes au cœur de l’éducation!, 1er avril 2000.
  2. Clairandrée Cauchy, Sommet du Québec et de la jeunesse, Outiller les jeunes au présent pour l’avenir, Lettres ouvertes 2000.
  3. Clairandrée Cauchy, Lettres ouvertes 2000, Un moratoire sur les parcours d’insertion obligatoires, Jeudi 15 juin 2000.
  4. Conseil permanent de la jeunesse, L’éducation dans tous ses états, octobre 1995.
  5. Conseil permanent de la jeunesse, Quoi de neuf?
  6. Conseil permanent de la jeunesse, Emploi atypique et précarité chez les jeunes, une main-d’œuvre à bas prix, compétente et jetable!
  7. Conseil permanent de la jeunesse, Pour l’accès des jeunes à une citoyenneté pleine et active, p. 42-43.

Citations et références


[1] Charles E. Caouette, Si on parlait d’éducation, p. 125.

[2] Daniel Kemp, Mettre fin au décrochage scolaire, p. 13.

[3] Marc Thibodeau, Le taux de décrochage scolaire à un niveau dramatique, La Presse, 4 janvier 2002.

[4] Gouvernement du Québec, ministère de l’Éducation, direction générale du développement pédagogique,  L’abandon scolaire, octobre 1981, p. 3-4.

[5] Source : Nouvelles CEQ, mai-juin 1999, p. 11 et MEQ, La rentabilité du diplôme, Bulletin statistique de l’éducation, no 8, février 99.

[6] Claude Rivard, Conseils pratiques pour réussir au secondaire, p. 7.

[7] Le Vérificateur général du Québec, Rapport 2000 – 2001, Risques sociaux, 2.46, p. 35.

[8] Daniel Kemp, Mettre fin au décrochage scolaire, p. 123.

[9] Colette Bouvier, psychologue, Les jeunes en décrochage scolaire, p.1.

[10] Publications Québec, Loi  sur l’instruction publique, 1988, c. 84, article 14, 1990, c. 8, a. 2.

[11] CEQ, Site Internet, J’accuse le règlement pédagogique, Options a rencontré le sociologue Guy Rocher, un membre éminent de la Commission Parent. Monsieur Rocher est aujourd’hui professeur au Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal.

[12] CPJ, Site Internet, Clairandrée Cauchy, présidente du Conseil permanent de la jeunesse, Les 40 ans de la révolution tranquille, Placer les jeunes au cœur de l’éducation!, 1er avril 2000.

[13] Jocelyn Berthelot et Véronique Brouillette, Convictions démocratiques et menaces marchandes, recherche pour la CEQ, 1998.

[14] Conseil permanent de la jeunesse, www.cpj.gouv.qc.ca/Publications, L’éducation dans tous ses états, octobre 1995.

[15] Jean-Claude Tardif, Nouvelles CEQ, sept.-oct. 97.

[16] Clairandrée Cauchy, Sommet du Québec et de la jeunesse, Outiller les jeunes au présent pour l’avenir, Lettres ouvertes 2000.

[17] Clairandrée Cauchy, Sommet du Québec et de la jeunesse, Outiller les jeunes au présent pour l’avenir, Lettres ouvertes 2000.

[18] Conseil permanent de la jeunesse, www.gouv.qc.ca/Quoideneuf.html, Quoi de neuf?

[19] Conseil permanent de la jeunesse, Emploi atypique et précarité chez les jeunes, une main-d’œuvre à bas prix, compétente et jetable!, p. 6.

[20] Conseil permanent de la jeunesse, Emploi atypique et précarité chez les jeunes, une main-d’œuvre à bas prix, compétente et jetable!, p. 26, 27, 39, 45.

[21] Gouvernement du Québec, ministère de l’Éducation, direction générale du développement pédagogique, L’abandon scolaire, octobre 1981, p. 10.

[22] Gouvernement du Québec, ministère de l’Éducation, direction générale du développement pédagogique, L’abandon scolaire, octobre 1981, p. 10.

[23] Charles E Caouette, Si on parlait d’éducation, p. 126.

[24] Daniel Lambert, psychologue, Source : Assemblée nationale, Commission de l’éducation, Les conditions de la réussite au secondaire, 1996.

[25] Source : Nouvelles CEQ, mai-juin 1998, p. 13.

[26] Source: CSQ, Les plans de réussite et la Loi sur l’instruction publique (LIP), art. 36, 74 et 75.

[27] Daniel Kemp, Mettre fin au décrochage scolaire, p. 13-15.

[28] Clairandrée Cauchy, Lettres ouvertes 2000, Un moratoire sur les parcours d’insertion obligatoires. Jeudi 15 juin 2000.

[29] CEQ, Site Internet, J’accuse le règlement pédagogique, Options a rencontré le sociologue Guy Rocher, un membre éminent de la Commission Parent. Monsieur Rocher est aujourd’hui professeur au Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal.

[30] Source: Nouvelles CEQ, janvier-février 1998, p. 16 par Hélène Lebrun.

[31] Source: Nouvelles CEQ, propos de madame Lorraine Pagé au Congrès des commissions scolaires du Québec, 1998.

[32] Source: Nouvelles CEQ, juillet 1998,

[33] CEQ, Site Internet, J’accuse le règlement pédagogique, Options a rencontré le sociologue Guy Rocher, un membre éminent de la Commission Parent. Monsieur Rocher est aujourd’hui professeur au Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal.

[34] Clairandrée Cauchy,  Conférence, Les 40 ans de la révolution tranquille, Placer les jeunes au cœur de l’éducation, 1er avril 2000.

[35] Colette Bouvier, psychologue, Les jeunes en décrochage scolaire, p. 6

[36]Conseil permanent de la jeunesse, Pour l’accès des jeunes à une citoyenneté pleine et active, p. 42-43.

[37] Clairandrée Cauchy, Sommet du Québec et de la jeunesse, Outiller les jeunes au présent pour l’avenir, Lettres ouvertes 2000.

[38] Conseil Permanent de la Jeunesse, Emploi atypique et précarité chez les jeunes, une main-d’œuvre à bas prix, compétente et jetable!, p. 56-57.

[39] Clairandrée Cauchy, Conférence, Les 40 ans de la révolution tranquille, Placer les jeunes au cœur de l’éducation, 1er avril 2000.

[40] Source: Nouvelles CEQ, janvier-février 1998, p. 16 par Hélène Lebrun.

[41] Colette Bouvier, psychologue, Les jeunes en décrochage scolaire, p. 11.

[42] Daniel Kemp, Mettre fin au décrochage scolaire, p. 241- 245.

[43] Dimitri Demnard, L’aide à la scolarité par la PNL, Comprendre et résoudre les difficultés scolaires, De Boeck & Belin, 2000, p. 12

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